On est dimanche et il n’y a pas eu d’article de la semaine : c’est le moment idéal pour se lancer dans une brève pour noyer le poisson…
Jeux de rôle et grand public : une relation compliquée
Malgré ce que le titre peut laisser supposer, ce n’est pas le regard de l’individu lambda sur notre loisir qui me pose problème mais l’inverse. S’il est indéniable que les jeux de rôle ont eu mauvaise presse au milieu des années 90 (coucou Mireille Dumas) avec des conséquences plus ou moins lourdes pour les pratiquants (dans mon cas, fermeture de clubs associatifs et scolaires), la situation a bien évolué depuis, en témoignent le succès de la web émission Aventures ou le retour de boites de découverte dans le circuit de distribution traditionnel comme Soirée Jeu de Rôle.
Non, le vrai problème c’est une frange de la « communauté » actuelle et son pseudo-élitisme à deux ronds (déjà soulevé par Éric concernant le grandeur nature). Il suffit d’évoquer des sujets comme l’accueil des néophytes, l’adaptation du format au grand public ou les discriminations dans les associations pour constater une levée de boucliers bruyante et agressive sur le mode « personne ne nous a aidé NOUS » . Donc sous prétexte que les jeux de rôle ont eu un coût d’entrée élevé, il devrait rester le même pour la génération de joueurs suivante ?
Je dois bien admettre que mettre un pied dans le loisir n’a pas été évident : pas de médiatisation, éditeurs rares, disponibilité réduite… Sans les Livres dont Vous Êtes le Héros, la collection Terres de Légendes en particulier, et la bibliothèque municipale de Quétigny, je ne serai pas en train de tenir le crachoir. Mes premières aventures se sont déroulées en comité restreint et entre néophytes (bonjour Sylvain), avant de rencontrer par hasard des rôlistes au collège qui nous ont appris l’existence de boutiques spécialisées et de clubs.
Tous les obstacles que je viens de citer se sont drastiquement amoindris et il n’a jamais été aussi simple de découvrir les jeux de rôles et de les pratiquer. Je ne remercierais jamais assez internet pour avoir donné aux rôlistes une vitrine accessible et efficace pour faire découvrir notre passion. Une simple requête dans un moteur de recherche et n’importe qui peut trouver gratuitement des jeux à disposition, des conseils en pagaille, des vidéos explicatives, des annuaires de joueurs et d’associations, des diffusions en direct, etc.
Je me félicite que les jeux de rôle, sans être totalement démocratisés , bénéficient d’un traitement médiatique et d’un à priori public positifs : le renouvellement d’une communauté passe nécessairement par son attractivité hors de son cercle d’initiés. Pourtant il semblerait que les plus réticents à ce mouvement soient justement… des initiés. Il suffit de constater les quolibets (ou les insultes) que récoltent les malheureux qui osent proposer des jeux courts en salon généraliste ou des dispositifs d’accueil particuliers pour les débutants au sein des associations.
Les jeux de rôles arrivent à la croisée des chemins selon moi : tous les voyants sont au vert pour une large ouverture vers le grand public alors que des réticences (résistances ? ) se font sentir au sein des pratiquants de longue date. Sachant qu’il existe également la fameuse « prime à l’ancienneté » chez les rôlistes, il ne faut pas sous-estimer leur influence car ils sont bien souvent actifs ou dirigeants dans les associations, la partie visible de l’iceberg rôliste. Alors qu’on est en droit d’attendre de l’ouverture et de la promotion de leur part, on se retrouve parfois devant des structures refermées sur elles-mêmes, où une bande de nerds vieillissants jouent entre-eux sans se soucier le moins du monde des gens qui poussent leur porte. Un retour à la case départ en somme…