Préparez les blasters mitrailleurs (qu’on devait obligatoirement utiliser avec un trépied en version D6¹), je n’ai pas aimé cette cuvée annuelle…
J’ai attendu une petite semaine avant de donner publiquement mon avis sur Rogue One, histoire de bien digérer ma séance et de ne plus trop être influencé par le contexte particulier de ce visionnage (j’ai revu Vaiana le jour-même, et j’aime le dernier film d’animation Disney plus que de raison). Malheureusement, les jours passants, la mauvaise impression ressentie en fin de séance ne s’estompait pas, bien au contraire. Il est temps de dresser mon bilan du film que tout le monde ou presque (89 % sur Rotten Tomatoes) a encensé… Pas moi.
Sur le papier (et en bande-annonce), Rogue One promettait énormément : un commando bien badass part en mission suicide pour voler les plans de l’Étoile de la Mort. Pour le premier film dérivé de l’univers Star Wars, le changement d’ambiance est radical et le nom de Gareth Edwards était plutôt rassurant (son Godzilla était bien sympathique et efficace). Même l’annonce de prises de vue supplémentaires pour cause de film « trop sombre » était plutôt une bonne nouvelle pour moi. Mais j’aurais dû me méfier : terminer son teaser avec Dark Vador, ça sentait la récupération facile…
Ce qui devait faire la force de Rogue One, c’était son côté crépusculaire trop dur pour le grand public (vous vous souvenez, les fameux reshoot…). La base pour réussir ce genre d’ambiance, c’est la caractérisation des personnages : sans empathie pour les protagonistes, leur fin inéluctable est sans saveur. Et devinez quoi ? Je n’irais pas jusqu’à dire que les personnages sont clichés (bien que le mystique asiatique qui récite des aphorismes que lui seul comprend et son compère décodeur taciturne ne soit pas d’une originalité folle) mais ils ne sont tout bonnement pas développés, hormis l’héroïne qui est sur-vendue, jusqu’à un plan final digne d’une comédie romantique standard.
Rogue One ne peut donc pas compter sur son scénario (on connaissait déjà tous les enjeux au démarrage du projet) ni sur ses personnages, reste la forme pour me faire vibrer. Question vibrations, la saga Star Wars est indissociable de sa signature musicale. Michael Giacchino n’est certes pas John Williams mais il a de belles références à faire valoir (Les Indestructibles, Là-haut… eh oui, beaucoup de Pixar) et il a déjà pris la suite du maître sans avoir à rougir (Jurassic World). Malheureusement sa composition n’arrive pas à exister autrement que comme un hommage trop timide (pourquoi mettre les cuivres en sourdine?), sans chercher à se démarquer d’une quelconque manière.
Gareth Edwards ne s’en sort pas mieux derrière la caméra. Je ne m’attendais pas à des miracles pour son troisième film, surtout au sein d’une franchise condamnée au succès, mais son film n’atteint jamais l’ampleur attendue d’un Star Wars, ni même celle de son Godzilla. Vendu comme un film de guerre, Rogue One n’arrive jamais à me faire oublier l’impression de vide et de mollesse de ses scènes d’action : le résultat à l’écran est plus proche d’Expandables (la générosité en moins) que de Saving Private Ryan. La même torpeur frappe tout le métrage, surtout dans son premier tiers, là où le spectateur est en droit d’attendre une tension qui monte crescendo jusqu’à un final apocalyptique attendu mais poignant. Même pas…
Il est de bon ton de cracher sur la trilogie d’Anakin Skywalker (tellement pleine de défauts qu’elle en devient indéfendable) et, dans une moindre mesure, sur l’épisode 7 ( considéré comme un remake sans originalité). Je prends le risque de dire que Rogue One, au-delà d’être un mauvais film Star Wars, est un mauvais film tout court. Scénario, musique, réalisation, tout est trop faible pour remporter l’adhésion et son ton plus sombre et affreusement sérieux ne permet même pas d’en faire un nanar sympathique. Le Réveil de la Force m’a donné envie de revenir au cinéma pour voir la suite des aventures de Rey et Finn, Rogue One m’a juste donné envie de sortir avant la fin du générique. J’en attendais certainement trop pour être pleinement satisfait, il n’en reste pas moins que les seules choses que je sauverais du film sont Tarkin et Vador, des personnages qui existaient avant Rogue One et achèvent de me prouver sa vacuité…
¹ référence au premier jeu de rôle Star Wars de West End Games, publié en France par Descartes
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