Cela fait un moment que j’écoute et lis de nombreuses choses sur les théories rôlistes (comme La Cellule , Places to Go, People to Be ou Je ne suis pas MJ mais), ce qui a fini par me donner envie de parler d’une de mes passions de manière plus… officielle à défaut d’être pertinente ou même utile. Bref, je vais encore parler de moi pour changer.
Le jeu de rôle, cet inconnu si familier
Quand un loisir vous passionne, vous ne pouvez résister à l’envie de partager avec autrui l’objet de votre engouement. Ou encore d’expliquer à votre entourage incrédule ce qui vous pousse à passer vos soirées de libre à raconter des histoires autour d’une table. Voire de répondre à un imbécile qui imagine que vous égorgez des poulets dans des cimetières au clair de lune (je vous l’accorde, c’est de plus en plus rare mais il y a toujours des acharnés).
Vous vous éclaircissez la voix et là… vous ne savez pas par où commencer : le jeu de rôle est une pratique tellement riche qu’il semble impossible de la résumer simplement. Sans compter les nombreuses (r)évolutions que le loisir a connu depuis sa création en 1974 par Gary Gygax et Dave Arneson (vous savez, un petit jeu tombé rapidement dans l’oubli nommé Dungeons & Dragons). Une retraite stratégique doit donc être opérée le temps d’affiner votre discours.
Une fois l’amertume de ce premier échec digérée, vous vous installez à votre bureau avec carnet, crayon et café (enfin c’est mon kit perso utilisé ici à des fins d’illustrations) et vous commencez de réunir tous les éléments qui vous semblent pertinents pour définir le jeu de rôle. Les mots défilent avec une facilité déconcertante et une minute plus tard, vous avez couché sur le papier quelque chose qui ressemble à ça :
jeu de société proposant aux participants de créer collectivement une histoire interactive orale dont ils interprètent un ou plusieurs protagonistes, en suivant un ensemble de règles communes qui détaillent les cadres (esthétiques, narratifs, ludiques, d’ambiance…) où vont évoluer personnages et joueurs.
Passée la satisfaction d’avoir surmonté l’épreuve sans difficulté apparente, vous vous relisez et là c’est un peu la douche froide. Même si les idées ne sont pas resté bloquées comme lors de votre première tentative, elles sont toutes sorties en même temps cette fois-ci et la définition qui en découle est pour le moins complexe, mêlant sans vergogne tout un ensemble de concepts qui repose plus sur une pratique personnelle que sur des réflexions universelles autour du jeu de rôle.
Arrivé à ce stade, si le découragement n’a pas eu raison de vos velléités pédagogiques, vous vous tournez vers ceux qui comme vous se sont attelés à cette lourde tâche. Grâce à la magie d’internet, vous trouvez rapidement ce que vous cherchez et bien plus. Beaucoup plus à vrai dire… Bien trop en fait pour espérer réussir une synthèse que ne soit pas aussi indigeste que le fruit de vos propres cogitations rôlistes.
J’ai traversé toutes ces étapes et en ai tiré la conclusion suivante : le jeu de rôle est une pratique tellement protéiforme qu’il semble impossible d’en donner une définition couvrant tous les aspects qui la caractérisent. Comment donc dans ces conditions faire comprendre à ceux qui n’y connaissent rien à quel point ce loisir est riche sans les assommer avec des discours qui de toute façon ne sauraient être exhaustifs, tant les pratiques varient d’une table de jeu à l’autre, voire d’un joueur à l’autre sur une même table ?
Étant du genre à intellectualiser à outrance, plus j’essayais de répondre à cette épineuse question, plus je me retrouvais assailli de nouvelles interrogations sur la nature de cette passion qui me semblait si familière et ne cessait pourtant de m’échapper. Mon salut est venu d’une source intimement proche de moi, qui m’a interpellé alors que je fulminais en faisant les cent pas dans mon salon :
Tu n’as pas eu besoin de m’expliquer, tu m’as juste fais jouer…
Avec le recul, c’était tellement évident que ça ne devait pas satisfaire mon intellect dont l’ego n’a d’égal que la bêtise. Ma chère et tendre ayant balayé le « quoi » d’un revers de sa douce main, toute mon attention se tourna naturellement vers le « comment », qui allait lui aussi dérouler son cortège de réflexions intenses autour de la problématique cruciale de la transmission. Ce qui fera l’objet d’une chronique future, à n’en point douter.
PS: n’oubliez pas que le site est ouvert aux contributions régulières ou non. La rentrée me semble être le bon moment pour s’y mettre et vous trouverez tous les détails ici