Quoi de plus à propos que parler de l’improvisation quand on ne sait pas sur quoi écrire son prochain article ?
L’impro c’est pour les pros ?
Parmi les conseils que les meneurs de jeu de rôle expérimentés transmettent aux jeunes padawans (avouez-le, vous n’aviez pas remarqué que meneur de jeu et maître Jedi avaient les même initiales), il y a celui-ci : la peur d’improviser tu n’éprouveras pas car au côté obscur du dirigisme elle mène. Ou pour être moins cryptique, vos joueurs risquent de ne pas apprécier d’être grossièrement maintenu sur des rails alors il va falloir ruser. Une chance pour vous, j’ai de nombreuses impostures à mon actif et quelques astuces à partager.
Improviser ? C’est pour les noobs…
Mon premier conseil peut paraître hors de propos mais il constitue pourtant le niveau 0 de l’improvisation : bricoler son scénario pour retomber sur ses pieds. Les personnages joueurs (PJ) ne réussissent pas à sauver leur indic ? Ils pourront trouver l’information auprès de son colocataire. Ils débarquent sans préparation dans le repaire ennemi ? Ils ont été devancés par une faction rivale qui a déplacé leur objectif ailleurs. Pas la peine de tout changer de A à Z, juste un nom, un lieu ou un moment et le tour est joué. Ce simple stratagème vous sortira de la plupart des situations et vos joueurs n’y verront que du feu.
Soyez comme l’eau
Il arrive parfois de se retrouver face à une tablée particulièrement créative pour éviter toutes les embûches dressées sur leur chemin, y compris vos plans B. Dans ce genre de cas, pas la peine de vous lancer dans la surenchère : votre insistance sera de plus en plus visible et les joueurs prendront un malin plaisir à vous voir ramer à contre courant. Ne leur donnez pas ce plaisir, laissez vous porter par les flots en attendant que la tempête cesse. Réfléchissez à une péripétie sans rapport avec les évènements actuels (issue d’un autre scénario par exemple) et balancez leur quand ils baisseront inévitablement leur garde.
Embauchez des intérimaires
Vous pouvez aussi rencontrer la situation totalement inverse : des joueurs tellement à côté de la plaque qu’il serait ridicule (et pas franchement subtil) de les ramener sur le droit chemin. Encore une fois, la patience sera votre meilleure alliée. Mais au lieu de les déstabiliser en changeant brutalement d’orientation (ce qui augmenterait encore plus leur confusion), il va falloir jouer leur jeu et rebondir sur toutes leurs idées, même les plus saugrenues. Même si elles n’ont pas de sens pour vous, elles en ont pour eux et ils seront plus que satisfaits de vous avoir percé à jour. Risque minimum, résultat maximum.
Souple comme le roseau
S’il y a bien une qualité que je mettrais en avant pour favoriser l’improvisation en jeu de rôle, ce serait la souplesse : il est primordial de savoir toucher ses orteils avec ses mains pour se sortir de toutes les situations… ou de savoir mettre son ego de côté quand des joueurs peu scrupuleux foulent aux pieds vos belles idées préparées avec amour. Les évènements qui se déroulent sous vos yeux ne sont pas à votre goût ? En tant que MJ, vous n’êtes qu’un joueur de plus à la table et vous ne devriez pas être le seul juge de ce qu’est une partie « réussie » . Gardez-ça en tête, ne vous mettez pas de pression excessive (eh non, la qualité de jeu ne dépend pas non plus de vous) et vous constaterez que l’exercice n’est pas si compliqué. Vous pourriez même y prendre goût et basculer dans des pratiques douteuses comme les jeux narratifs…
Pour aller plus loin :
- Vous voulez de vrais conseils de pros pour progresser dans votre pratique des jeux de rôles ? La série de livres Sortir de l’Auberge (Jouer des parties de jeu de rôle, Mener des parties de jeu de rôle et Jouer avec l’histoire) publiée chez Lapin Marteau devrait vous passionner.
- Le prolifique créateur de jeux de rôle Le Grümph aime à parsemer ses créations de listes d’éléments d’inspiration et de méthodes d’improvisation. Sa collection Chibi (Dragon de Poche, NanoChrome…) est un modèle du genre.