Osez jouer !

Au Comptoir Rôliste 08

comptoir roliste une

J’avais promis à Eric Blaise (auteur du jeu de rôle SuperSix) de le faire en audio pour un podcast, je le fais à l’écrit pour le blog de l’association : une autre idée de la fiabilité…

Les jeux de rôles étaient-ils mieux avant ?

Les discussions autour du zinc rôliste sont souvent enflammées sur des sujets hautement philosophiques tels que « Original Dungeons and Dragons  c’est mieux que l’actuel DD5 » , avec fervents défenseurs et honorables contradicteurs (laissez-moi rêver un peu…). Après Eric et son odyssée personnelle, votre serviteur va aussi se pencher sur son parcours en répondant à cette épineuse (quoique très subjective et personnelle) question : les jeux de rôles, c’était mieux avant ou maintenant ?

Dans les années 1990, on trouvait du jeu de rôle en kiosque et à petit prix.

Il s’est rien passé, en deux phrases c’est fini !

A la différence de certains routards de l’association, je suis un rôliste « de seconde génération » : j’ai découvert le loisir au début des années 1990 avec des gammes déjà bien implantées, relativement bien distribuées et toutes en français dans des éditions professionnelles (eh non, pas de DD en anglais photocopié pour moi). Je n’ai jamais arrêté de jouer depuis (avec plus ou moins d’assiduité) et j’ai toujours gardé contact avec le milieu associatif.

Comme il faut bien fixer un cadre à mon « avant » , je le place dans la décennie de mes premiers pas. Et on ne va pas se mentir, il y avait des trucs vraiment très cool dans les années 90 pour un rôliste en culotte courte. A commencer par les Livres Dont Vous Êtes le Héros (livres-jeux qui proposaient au lecteur faire certains choix pour faire progresser l’intrigue) dans toutes les bibliothèque municipale et leur déclinaison en jeu de rôle : Terres de Légende.

Je vous l’accorde, trouver cette référence au milieu de la pléthore de titres de cette collection, noyée dans l’océan de bouquins d’une bibliothèque (on voit tout en grand quand on est gosse) n’était pas franchement simple. J’aurais même pu m’en désintéresser si je n’avais pas abondamment parcouru les autres LDVEH et que leurs limites m’apparaissaient déjà. Il n’empêche que les jeux de rôles, c’était moins cher avant… ou pas.

Le pognon, ça reste à la pogne

Mon premier achat de jeu fut la première édition de Simulacres, hors-série du magazine Casus Belli, que j’ai eu la chance de trouver trois ans après sa sortie en kiosque (vous avez bien lu, on pouvait trouver du jeu de rôle chez le marchand de journaux) dans la boutique spécialisée du coin (un vrai repaire de geeks à une époque où ça n’était pas cool du tout). Pour la modique somme de 32 Francs (soit 8€, inflation comprise), j’avais plus de 90 pages A4 N&B avec 6 univers et 6 scénarios inclus. Pas mal non ?

Pas tant que ça en fait : à titre de comparaison, le jeu Chroniques Oubliées de la déclinaison actuelle de Casus Belli (une quarantaine de page A5 en couleurs avec un univers seulement et un mini scénario) était proposé à 9,50€ dans son premier numéro… en bonus d’un mook (format hybride entre le livre et le magazine) tout en couleurs et papier glacé, avec 6 scénarios, 5 aides de jeux et des actus pour un total de 256 pages ! Sur un prix aussi serré, la différence peut paraître énorme (presque 20%) mais au final, l’investissement reste modeste pour un produit de qualité.

Si je passe en revue les jeux de ma bibliothèque, le constat est plus ou moins le même : Shadowrun 2 (1993, 296 pages n&b, 54€) contre Shadowrun 5 (2014, 482 pages couleurs, 60€), Cthulhu 5 (1993, 239 pages n&b, 43€) contre Cthulhu 6 (2011, 400 pages couleurs, 45€), Deadlands (1997, 192 pages n&b, 43€) contre Deadlands Reloaded (2012, 352 pages couleurs, 50€)… Le prix des livres a effectivement augmenté mais sans commune mesure avec l’augmentation du nombre de pages et de la qualité générale d’édition.

En moins de 10 ans, hausse de qualité éditoriale… et baisse de prix !

Dans 10 ans, tout le répertoire […] est pollué

Et les jeux dans tout ça ? Comme on dit Chez Régis, peu importe le d20 tant qu’on a les pexs : le prix et la direction artistique ne réussiront pas à sauver un édifice ludique bancal. Et question pépites ludiques, il faut dire que mes souvenirs sont peuplés de parties mémorables… mais sont-elles liées à la qualité intrinsèque des jeux qui les ont suscitées ? C’est là que mon raisonnement plonge dans le grand bain de la subjectivité.

Je pourrais vous citer une longue liste de jeux qui ont considérablement influencé le joueur que je suis aujourd’hui (Pendragon, Legend of the Five Rings, Star Wars d6 …) mais je pourrais tout autant vous en citer de cette dernière décennie (DD4, Apocalypse World, FU…). Il me serait impossible de hiérarchiser toutes ces références, sachant que la nostalgie a magnifié les anciennes et que les nouvelles n’ont pas (toutes) subi l’épreuve du temps.

Mon désarroi face à cette épineuse question peut se résumer en un seul jeu : In Nomine Satanis / Magna Veritas, création française satyrique et grinçante où anges et démons se font la guéguerre. Pour avoir suivi la gamme depuis la deuxième édition (1993) jusqu’à Génération Perdue (2015), je serais bien en peine de vous dire si le jeu s’est amélioré avec l’âge, tant chaque édition m’a apporté son lot de satisfactions et de déceptions sans ternir mon attachement.

Vous devriez déjà commencer par organiser le merdier que vous avez la dedans

Avec pas loin de 30 années de pratique au compteur, les points de comparaison pourraient se multiplier (variété et suivi des gammes, outils de découverte, tissu associatif, conventions…) sans que ma réflexion en soit plus avancée : mon expérience et mes observations ne constituent pas une base argumentaire solide pour une question potentiellement clivante. Donc si je me restreins à la seule donnée « objective » en ma possession, le rapport qualité-prix, le constat est sans appel : sur ce point, les jeux de rôles c’est mieux maintenant… Pour le reste, c’est mieux maintenant aussi mais ce n’est que l’avis d’un pilier de comptoir rôliste. Et vous cher lecteurs, avez-vous réfléchi à la question ?

Pendragon, une étape importante de mon cheminement rôliste

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