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The Punisher : une dernière balle en plein cœur

Allez, je vous bassine encore avec une série Marvel Netflix. Mais soyez rassurés, ça ne va plus durer encore longtemps…

Cet été, on apprenait que l’accord liant Disney et Netflix n’était pas renouvelé et les heures des séries Marvel sur la plateforme de vidéo à la demande sont comptées : il y aura bien une troisième saison de Daredevil et une deuxième saison pour Jessica Jones et Luke Cage mais ensuite, rideau sur les Defenders… La fin de cette collaboration était prévisible (Disney ayant annoncé depuis plusieurs mois son intention de lancer son propre service) mais laisse un goût amer après avoir goûté à la dernière création du duo, The Punisher.

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The Punisher aurait pu être une série dérivée opportuniste, surfant sur la popularité d’un personnage secondaire marquant. Il est vrai que la prestation de Jon Bernthal dans la saison 2 de Daredevil avait marqué les esprits, ainsi que l’écriture du personnage de Frank Castle en double jusqu’au-boutiste de Matt Murdock. Mais hors de ce jeu de miroir, un personnage de justicier solitaire et ultra-violent risquait fort de sombrer dans la débilité (comme le film avec Dolph Lundgren) ou dans l’outrance (comme celui avec Ray Stevenson).

Heureusement la série de Steve Lightfoot évite ces deux écueils avec brio, en confrontant le Punisher à des thématiques très actuelles (comme le contrôle des armes ou les dérives de l’interventionnisme) et à des adversaires issus du pouvoir en place et non plus de la criminalité, le plaçant dans un contexte moins manichéen que son matériau d’origine : toutes les personnes lui faisant obstacle ne sont pas des coupables mais de simples rouages du système qu’il ne peut éliminer sans perdre un peu plus son âme.

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Le Punisher n’est pas à l’épreuve des balles

Ce que l’on perd en tueries de masse aveugles et décérébrées (coucou Punisher War Zone), on le gagne en empathie pour les protagonistes et leurs destins tragiques, individus broyés pour servir des intérêts personnels sous couvert d’enjeux supérieurs. Ainsi Frank est tiraillé continuellement entre la vengeance et la réhabilitation, influencé par sa tragédie familiale et celle de son compagnon d’infortune David, lanceur d’alerte qui se fait passer pour mort pour épargner sa femme et ses enfants des représailles des services d’état.

The Punisher n’est donc pas un actionner bas du front mais bel et bien un thriller psychologique qui ne se refuse pas quelques explosions de violence bien sanglantes à la manière d’un Tarantino dans Huit Salopards. Le scénario est haletant et bien rythmé, la réalisation est ingénieuse et efficace (les joutes verbales multiplient les axes de caméras plutôt qu’un simple camp / contre-champ) et les acteurs sont convaincants, avec une mention particulière pour Daniel Webber qui campe Lewis Walcott, un vétéran traumatisé qui va sombrer dans le terrorisme.

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Les personnages prennent aussi le temps de se parler

Alors que la page Marvel / Netflix se tourne, on aurait pu craindre le pire pour le dernier né de cette collaboration dont les précédents opus n’avaient pas soulevé un enthousiasme délirant. Loin de tomber dans les travers habituels des histoires de justiciers flingueurs, The Punisher sait se montrer aussi subtil dans ses thématiques et leur traitement qu’efficace et direct dans sa brutalité, le tout servi par une réalisation soignée, un casting solide et une bande originale remarquable signée Tyler Bates. Un magnifique chant du cygne en somme…

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