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The Last Jedi, le retour en Force de Star Wars

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Maintenant que tout le monde a bien donné son avis sur l’épisode 8 et que les fêtes sont passées, je peux prendre le risque de partager mon avis sans avoir l’air d’un gros opportuniste…

C’est la troisième année consécutive que les fêtes vibrent au rythme de Star Wars, depuis la sortie du Réveil de la Force en 2015, et que j’ai l’impression de nager à contre-courant des internets qui conspuent la trame principale pour lui préférer l’épisode dérivé (Rogue One, qui m’a laissé vraiment sceptique). Même s’il n’a pas été évident d’esquiver tous les retours sur The Last Jedi avant de pouvoir le découvrir en salle, je me suis confortablement calé dans mon fauteuil sans avoir – trop – d’idées préconçues sur ce nouvel opus. Vous l’aurez compris au titre de cet article, j’ai été conquis par le film de Rian Johnson.

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Les prémices de The Last Jedi sont relativement simples et se situent immédiatement après les évènements de l’épisode précédent : la Résistance est traquée sans répit par le Premier Ordre et Rey est venue chercher conseils et assistance auprès de Luke Skywalker. De cette trame qui semble cousue de fil blanc va découler un récit qui va bousculer nos certitudes et faire des choix scénaristiques surprenants qui permettent à cette nouvelle trilogie de trouver ses propres marques. Ces audaces d’écriture, qui sont le fruit de Rian Johnson lui-même, ont été très largement décriées comme autant de trahisons à l’édifice Star Wars, alors même qu’on reprochait à l’épisode 7 d’être trop déférent…

Pour ne pas trop en dévoiler, disons que ce film a pour thématiques principales l’orgueil et son corollaire l’échec. Beaucoup de personnages vont prendre de mauvaises décisions par vanité ou manque de remise en question, ce qui aura des répercussions dramatiques dans les deux camps : la Résistance est quasiment annihilée et le Premier Ordre , malgré son écrasante suprématie, échoue finalement à faire disparaître ses ennemis. Certains y voient des incohérences, j’y vois au contraire les conditions nécessaires à la mise en place de la mythologie de cette nouvelle saga. Sans aucun démon intérieur à affronter, aucun héros ne peut sortir grandi et cette dure leçon, les protagonistes (ainsi que les spectateurs) l’apprennent brutalement.

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Maître et élève vont devoir s’apprivoiser

D’un point de vue structurel, The Last Jedi est pour le moins déroutant car les évènements se déroulent sur une période temporelle très courte (deux ou trois jours maximum) et certaines péripéties ont l’air totalement inutiles alors que le film est le plus long de tous. Pourtant le récit est parfaitement rythmé et les scènes « sans intérêt » posent des éléments d’univers qui interpellent le spectateur (bien-être animal, vente d’armes, travail des enfants…) et enrichissent les thématiques de cette nouvelle trilogie, au-delà de la tragédie familiale racontée jusqu’ici dans les deux précédentes. D’ailleurs la révélation des origines de Rey met fin à toutes les spéculations en affirmant que le passé de la saga ne doit pas encombrer cette nouvelle histoire.

Visuellement parlant, le film est magnifique. Les promesses de la bande-annonce sont tenues et ce qui n’a pas été dévoilé est à la hauteur. Deux scènes ont particulièrement retenu mon attention : l’épreuve de Rey face au côté obscur de la Force (avec des jeux de miroirs somptueux) et l’inévitable confrontation finale entre Luke et Kylo Ren, combat aussi physique que psychologique. Il y a beaucoup de moments brillamment mis en image dans le film et d’autres beaucoup moins (la scène où Luke joue au paysan et au pêcheur m’a surpris dans le mauvais sens du terme et les appartements de Snoke sont très criards) mais l’ensemble reste de très haute tenue et le plaisir des yeux est évident. Je n’en attendais pas moins de Star Wars.

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Finn et Phasma ont un compte à régler

Concernant les acteurs, tous font un travail remarquable avec ce qu’ils ont, ce qui constitue un gros point positif mais aussi le principal défaut de The Last Jedi. Daisy Ridley (Rey), Adam Driver (Kylo Ren) et Mark Hammil (Luke Skywalker) livrent des prestations impressionnantes, parfaitement en accord avec l’importance de leur personnage dans le récit. John Boyega (Finn), Oscar Isaac (Poe) et la nouvelle venue Kelly Marie Tran (Rose) tiennent leurs rôles avec conviction car l’occasion leur est donnée de briller. Tout le reste du casting se contente des miettes et cela confine au gâchis sans nom pour la regrettée Carrie Fisher (Leïa) et surtout pour Laura Dern (le vice-amiral Holdo) dont le talent et le personnage sont totalement sous-exploités.

Quand les lumières se sont rallumées à la fin de The Last Jedi, j’étais étourdi par l’expérience que je venais de vivre… Les conversations qui ont rythmé la soirée ont confirmé que je n’étais pas le seul bien que l’appréciation finale n’eut pas tout à fait été la même. Il était évident qu’un film avec une volonté de rupture si affirmée, aussi bien avec l’épisode 7 qu’avec le reste de la saga, allait diviser les spectateurs, surtout les « fans » : il suffit de constater le torrent de haine numérique déversé contre le film de Rian Johnson pour s’en convaincre. Pourtant le film fait grandir les personnages grossièrement introduits dans Le Réveil de la Force en les affranchissant de la tutelle encombrante des anciennes gloires et en leur offrant leurs propres enjeux. Beau, haletant, fort et bien joué, The Last Jedi est la clé de voûte de cette nouvelle génération Stars Wars.

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