Au début, je voulais mettre en titre, « Luchadores, bat les masques » mais je me suis dit que vous aviez déjà assez de jeu de mots pourris depuis mon article sur Great Western. A la place vous aurez le droit à mon espagnol de vache française.
Luchadores, Que zaco ? (Qu’est ce que c’est?)
Luchadores est un jeu de rôle sorti aux éditions Pulp Fever en 2011 (et réédité chez OVNI en 2015) et conçu par Julien Heylbroeck, avec la collaboration de Willy Favre et Romain d’Huissier, trois auteurs de jeu de rôle français pour lesquels je ne cache plus ma sympathie depuis bien longtemps.
Le jeu se présente sous un livre de 325 pages format A5 avec 8 pages couleurs dont une superbe carte de l’archipel de Los Murcielagos malheureusement au milieu du livre et sur deux pages ce qui en empêche la consultation complète sans mettre en péril votre pauvre ouvrage.
Alors autant vous le dire tout de suite, j’adore Luchadores, et je ne serais pas objectif lors de cette chronique, il faudra prendre tout ce que je dit avec des pincettes et relativiser la chose. Cependant, je tiens à signaler que je suis pas un grand fan de catch et que je suis entré dans le monde de la lutte masquée uniquement par le biais de ce jeu.
Luchadores, que dices ? (Qu’est ce que çà dit ?)
Luchadores se passe en 1964 (comme WarsaW, coïncidence?) dans le petit archipel de Los Murcielagos au coeur du Triangle des Bermudes. Et ce petit archipel possède en son sein une particularité géologique : L’Espirale Grande. Un tourbillon absorbant l’océan de manière perpétuelle et recrachant de ses entrailles, monstres et énergies démoniaques.
Cette spirale serait selon la légende, la conséquence de l’invocation par une tribu indigène de leur Dieu sanguinaire. Toujours est il que ces monstres sont insensibles aux balles et aux armes conventionnelles, leur seul point faible se trouvant matérialisé par des gemmes portées sur leur front.
L’art ancestral de la Lucha, enseigné sur l’île depuis des générations permet « d’attendrir la viande » et de neutraliser les créatures en leur arrachant leurs gemmes. Les personnages des joueurs sont des Luchadores, des personnes qui ont survécu à leur voyage (souvent accidentel) au cœur de l’Espirale Grande et qui se sont vu confier un masque magique leur conférant une résistance hors du commun permettant de réaliser les prises de catch les plus audacieuses pour combattre le mal.
Présenté comme un hommage aux film de Luchasploitation, le jeu permet de prendre le rôle d’un lutteur masqué et de vivre à la fois son quotidien de lutteur et sa mission sacré de Luchadores. Niveau scénario, tout est permis, du polar à l’aventure pulp en passant par le film de zombi et le western, exactement comme ces films de Santo, ou celui ci voyage dans le temps pour aller péter la tronche de Dracula (oui, ce film existe vraiment). Par convention scénaristique, on pensera toutefois à rajouter un ou deux matchs de catch, parce que, voilà.
Bamos à la Playa Sinor Zoro ? (Oui mais moi j’aime pas trop çà le catch, je peut comprendre quand même ? traduction approximative)
Et bien oui ! Le système de combat est très intuitif et amène les joueurs à décrire leurs enchainements plus qu’à annoncer des noms de prises de catch connues. Tout le vocable technique est détaillé précisément dans le bouquin et ne sert qu’à la création de personnage pour choisir des techniques favorites.
En terme de dés c’est très simple, il suffit de faire des double/triple/quadruple/Yams/sérieuxtudemandesvraiment6réussites? le résultat des dé indiquant la puissance/l’efficacité de l’action. Choisir un triple 1 pour être sur de réussir ? ou bien le double 6 qui va exploser la tronche du profond qui a blessé ta petite amie mais qui a des chance de louper ? ces choix cornéliens ponctueront vos parties de façon régulière.
En combat la recette est la suivante, plus vous enchainez de prises dans vos descriptions, plus vous lancez de dé en plus (jusque 6 enchainements) mais la moitié de ces dés iront à l’adversaire alors gare à vous ! De plus, le jeu pénalise les joueurs qui font toujours les mêmes actions en diminuant leur initiative (le score qui permet de jouer en premier) si ils débutent leurs enchaînement de la même façon (tou déviens prévisible quétal).
De plus vous avez le choix de blesser votre adversaire ou bien d’accumuler du momentum, afin de lancer des prises spéciales (des signatures move) ou des finisher qui mettront KO votre adversaire d’un seul coup, autant de choix qui rendent les affrontements plus ludiques qu’une simple lutte contre les PV (points de vie) de l’adversaire.
Una tequilla per favor ! (Je prendrais bien l’apéro !)
Luchadores est pourtant un jeu de plat de résistance, le parti pris à la fois sérieux et décomplexé le rend aussi agréable en campagne qu’en partie one shot. Et franchement, vous en connaissez beaucoup des héros qui décident de faire poireauter le grand méchant jusqu’au lendemain matin, parce que le soir il y a un match prévu par l’agent de groupe ?
Mais rien ne vous empêche de voir aussi dans le jeu une possibilité de faire une campagne Rise and Fall car, oui, les Luchadores aussi peuvent passer du côté obscur ; ou bien d’explorer le thème du quotidien du super héro !
De plus, le livre contient une mini campagne, un bestiaire, 4 prétirés vachement cools, un écran, et même un marque page avec dessus Heddi Karaoui, un vrai Luchador d’origine française qui est en quelque sorte le parrain du jeu (pas dans le sens mafia, dans le sens parrainage).
En bref :
- Si vous aimez le catch, essayez de trouver un MJ pour faire du Luchadores,
- Si vous n’aimez pas le catch essayez de trouver un MJ pour faire du Luchadores
- Luchadores c’est un jeu super cool et je regrette de pas voir des journées de 72 h pour pouvoir en faire une campagne.
- La prise en main est simple, l’univers est complet, le bouquin de jeu est super bien foutu
- A part la double page centrale avec la carte de l’archipel, j’arrive pas à trouver de défauts à ce jeu (et en plus on peu trouver la carte ici : un super site avec plein d’aides de jeu)
En vrai je pense être un public assez réceptif à ce genre d’univers un peu décalé et décomplexé, je conçoit que tous ne sont pas forcément autant emballé que moi mais je conseille au moins d’essayer ce petit bijou du JDR français.
Illustrations par : Willy Favre, El Théo et Julein De Jaeger