Osez jouer !

Les Toiles en Retard 03

Suite et fin de cette chronique cinéma, juste au moment des nouvelles vacances…

Ralph 2.0

Quand les Mondes de Ralph sort (discrètement) en 2012, je n’en attendais pas grand-chose d’autre qu’un sympathique divertissement geek-friendly avec références à gogo dans tous les coins, ce qu’il s’est avéré être… mais pas que : cette jolie petite fable sur l’acceptation de soi et l’amitié, avec son duo de marginaux attachants comme personnages principaux, était naïf mais sincère, drôle et plein d’énergie. Cinq ans plus tard, Ralph et Vanellope débarquent à nouveau et quittent leur salle d’arcade pour s’attaquer à Internet.

Le postulat très alléchant de Ralph 2.0 ne tient malheureusement pas toutes ses promesses, loin de là. Dès la promotion, le choix a été fait de vendre le film sur un empilement de placements produits assez indigeste avec les marques Disney bien en évidence (en particulier les princesses), sans que le spectateur puissent deviner précisément de quoi le film va parler, écueil dans lequel n’était pas tombé les Mondes de Ralph. Ce choix marketing (la firme de l’Oncle Walt ne tenterait pas de nous vendre des produits dérivés quand même ? ) n’aurait sans doute pas prêté à conséquence s’il ne s’était pas révélé symptomatique de tous les défauts du métrage.

Évacuons tout de suite le côté technique : comme bien souvent chez Disney, c’est irréprochable et virtuose, la longue séquence de la course à la mort m’ayant tenu en haleine de bout en bout. Pour le reste, je me suis retrouvé fort gêné devant un film qui n’avait tellement rien à raconter qu’il se sentait obligé de combler le vide avec des séquences référentielles sans lien logique thématique ou narratif autre que « les grosses boîtes qui ont payé leur chèque à Disney pour apparaître » . Des séquences entières sont phagocytées par certaines marques, ce qu’avait su éviter le premier opus en se concentrant sur son univers original.

Le caméo des princesses, un argument marketing discutable…

Mais là où le film m’a le plus dérangé, c’est dans le message véhiculé par rapport au partage de vidéos en ligne (apparemment, YouTube n’a pas souhaité payer pour faire partie de l’aventure) : faire des contenus idiots sur les plateformes apporte richesse et gloire rapidement… Il y a un petit revers (les commentaires de rageux) qui peut être facilement évité en ne les lisant pas. On glorifie un système économique qui promeut la médiocrité tout en minimisant ses travers dans une séquence vite expédiée. Je ne m’attendais pas à ce que Disney crache dans la soupe mais afficher aussi ostensiblement son cynisme, c’est un autre niveau.

Pour enfoncer le clou, abordons le cas des princesses – pardon – des Princesses Disney © . Survendues dans la promotion de Ralph 2.0 avec une bande-annonce entièrement consacrée, elles n’apparaissent que durant cette fameuse séquence et dans le climax final. Tout porte à croire à de l’auto-parodie, avec Vanellope qui raille leur condition et leur permet de se détendre un peu… mais à l’arrivée, c’est bien Vanellope qui devient comme elles : elle chante au cours d’un numéro de comédie musicale qu’elle doit suivre ses aspirations et reçoit l’assistance décisive de ses grandes sœurs. Un adoubement en somme…

Pour faire simple, j’ai ressenti Ralph 2.0 comme un projet lancé pour de mauvaises raisons : pour capitaliser sur un joli succès en attendant Frozen 2, on fait une suite opportuniste et cynique aux antipodes de son matériau de base, sincère et généreux. Dépossédé de son identité propre et sommé de rentrer dans le rang, Ralph 2.0 s’exécute sans aucun enthousiasme et sans aucune cohérence. On a peine à croire que l’équipe créative est majoritairement la même tant le résultat manque de passion et d’envie. Même Henry Jackman ne tire pas son épingle du jeu en recyclant les thèmes créés pour le premier opus et en truffant ses nouvelles compositions d’emprunts à d’autres bandes originales du catalogue Disney. Une catastrophe industrielle et un crève-cœur

Le meilleur gag du film… relégué en scène post crédit

Cette série d’avis est enfin terminée. J’ai eu beaucoup de plaisir à pratiquer ce format et j’aimerais avoir vos retours dessus, histoire de m’aiguiller dans mes choix futurs sur les chroniques cinéma (actualité ou « à froid » ? ).

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