Osez jouer !


À moins de trois semaines du Japan Tours Festival, un petit article sur les jeux de rôles en salon non-dédié me semblait pertinent.

En salon, on n’est pas dans son salon…

Je vous imagine en train de froncer les sourcils devant votre écran à la lecture de ce titre digne des pires comédies des années 80. Au-delà du fait que j’ai une affection particulière pour ce genre de cinéma (chacun ses petits plaisirs), tout va devenir limpide avec un minimum d’explications : il va être question de pratiquer les jeux de rôles lors de festivals n’y étant pas consacrés. Avec toutes les spécificités que cela implique.

D-Start 02
Jeu de découverte clé en main et bouteille d’eau, une bonne base de travail.

Logistique aléatoire

On ne va pas se mentir, les conditions de jeux sont très variables d’un festival à l’autre : autant une convention dédiés aux jeux avec des organisateurs associatifs à l’écoute fera son possible pour votre confort, autant un salon « geek » à but lucratif ne vous consacrera que l’attention limitée réservée aux activités annexes. Je schématise à gros traits mais vous avez compris le fond du problème, à savoir que votre confort va grandement varier et demander une bonne dose d’adaptabilité.
Pour commencer, l’idéal est tout de même de se préparer à l’avance en consultant le plan du festival (quand il existe) et en dialoguant avec les organisateurs. Des tables de jeux dans des petites salles fermées avec moquette au sol et sièges confortables ne seront pas une généralité, loin de là… Quitte à se retrouver à côté d’un stand de jeux vidéos, autant demander s’il n’est pas possible d’installer des cloisons mobiles (ou tout autre artifice) pour briser le son et l’image extérieure.
La gestion de l’espace sera aussi primordiale : connaître les dimensions des tables mises à votre disposition vous permettra de faire une tri dans les livres, accessoires et aides de jeu que vous emporterez sur place. Ajoutez à cela un manque quasi généralisé d’espace de stockage conséquent et sécurisé (adieu mes jolies figurines Confrontation…) et vous deviendrez rapidement un adepte du minimalisme rôliste, pour votre plus grand confort.
Dernier point crucial, le ravitaillement : faire jouer en salon est épuisant, il faudra vous hydrater et vous nourrir régulièrement pour espérer tenir le choc. Certes vous pouvez apporter vos propres provisions ou acheter sur place mais la solution la plus confortable reste les vivres fournies par l’organisateur. N’hésitez donc pas à le solliciter pour vous épargner cette corvée d’intendance, avec parfois un petit bonus à la clé (j’aime les gobelets réutilisables).

Aux Historiques, on est en plein air et on mange bien.

Et le jeu dans tout ça ?

La partie ludique va aussi demander un peu de préparation. En salon non-dédié, le format des sessions va devoir s’adapter aux autres activités proposées : des scénarios de trois heures ne trouveront pas leur public au milieu de conférences de 45 minutes. Consultez le programme et ajuster le temps jeu en conséquence. Pour une première, une partie test ne sera pas du luxe et permettra quelques ajustements avant le jour J.
N’oubliez pas non plus de tester votre présentation : il va falloir convaincre des néophytes de venir jouer et leur expliquer les règles de manière efficace. Court et clair seront vos deux mots d’ordre quand il s’agira de présenter les jeux de rôle en général et le jeu proposé en particulier. Si les jeux à licence comme Tails of Equestria vous faciliteront la tâche, il ne faut pas exclure pour autant les univers originaux qui font la richesse du loisir.
Le matériel de jeu doit aussi retenir toute votre attention : à moins que votre partie ne soit prévue comme un escape game, les joueurs devront accéder très simplement aux informations les concernant. Des renseignements tels que le nom, le concept et le portrait des personnages doivent être bien en évidence, les données techniques utiles et compréhensibles, quitte à « trahir » le jeu d’origine en l’adaptant à votre usage.
Enfin, gardez du temps pour débriefer les joueurs après la partie pour recueillir leurs ressentis et répondre à leurs éventuelles questions : ces discussions sont souvent riches d’enseignements pour l’amélioration de votre pratique mais aussi pour ouvrir l’horizon des débutants sur le foisonnement créatif des jeux de rôles. Même si leur expérience n’a pas été concluante aujourd’hui, peut-être seront-ils assez curieux pour trouver un jeu plus à leur goût ? Gardez quelques recommandations sous le coude, comme les jeux de vos petits camarades de festival.

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Sièges confortables, espace cloisonné… mais petite table : on ne peut pas tout avoir.

Mais… c’est trop de boulot !!!

Faire jouer les autres en festival demande effectivement beaucoup d’investissement et impose des contraintes assez importantes. Toutefois, si vous prenez le temps d’y réfléchir 5 minutes, vous vous rendrez compte que le rôle de meneur de jeu implique souvent une part de préparation en amont, certes différente mais aussi exigeante (qui aurait envie de décevoir ses joueurs habituels ? ). Le travail sur le matériel de jeu peut être esquivé en utilisant des outils adaptés comme la boite D-Start, le jeu Sombre dans sa version Zéro ou les kits de découvertes de certains jeux, parfois disponibles gratuitement en version dématérialisée. Il existe également de nombreuses ressources sur le web rôliste comme cet excellent article de LS sur les parties en format court, bien plus profond que mon petit amuse-gueule.
Bref, si vous avez toujours la volonté de partager votre passion avec les béotiens en conditions hostiles, malgré toutes ces mises en garde et recommandations, ça devrait pas trop mal se passer. Surtout si vous gardez à l’esprit qu’absolument tout peut arriver au cours d’une partie de jeu de rôle et que vos attentes seront parfois radicalement différentes des inconnus assis autour de la même table : laissez-vous porter plutôt que de nager à contre-courant…

 

Quelques liens :