Osez jouer !

Jeu de Rôle et Bac à Sable

Après des chroniques passées à asperger de son encre acide le monde du jeu de rôle et du jeu de plateau, je me suis dit qu’il était temps pour un article plus léger, il me fallait donc un sujet. Je me suis concentré alors sur quelque chose de mon enfance de rôliste, quelque chose qui ne pouvait pas faire de mal … et puis çà à fait schboum là dedans.

Mes amis, prenez votre pelle (de Cthulhu) vos tongs et votre petit seau en plastique : aujourd’hui c’est le « bac à sable ».


Le Bac à Sable, qu’est ce que c’est ?

Les Campagnes « Bac à Sable » (ou sandbox) voient évoluer les joueurs dans un univers de jeu de rôle, quel qu’il soit. Le principe est simple : il n’y a pas, à la base, de scénario défini et donc pas de fin à proprement parler. Les joueurs voient leur personnages évoluer dans un univers ou le MJ improvise en permanence, scénarios, intrigues, donjons, etc… le tout sans cesse renouvelé. Le MJ réagit aux actions des joueurs et n’impose donc pas réellement de scénario.

L’avantage de ce type de campagne est qu’elle se concentre plus sur les personnages que sur les évènements. L’intérêt focalisé sur les personnages permet de développer les personnages autant psychologiquement que socialement et physiquement au sein de l’univers. D’ailleurs, il est très courant dans ce genre de campagnes de ne pas créer de background, le personnage débute vraiment vierge et son histoire commence à sa création.

Un autre type de Bac à Sable est la campagne découverte. Ici, c’est non seulement les personnage qui vont être important mais aussi le voyage à l’intérieur de l’univers, souvent créé de toute pièce par le MJ (ou pas avec l’émergence de la création partagée d’univers dans des jeux comme Dragon de Poche² – NDLR) . Ces campagnes invitent à l’exploration, à la découverte de mystères, de secrets enfouis et permettent pour le MJ de partager ce qu’il avait dans la tête.

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La cinquième édition du vénérable Dungeons&Dragons : que de la finesse

Qu’est ce que n’est pas le bac à sable ?

Les jeux à missions (encore qu’il existe des missions « bac à sable »), les campagnes ou scénarios (publiées ou non) avec un début, un milieu et une fin déterminée et les « One shot » (parties courtes en une session de jeu – NDLR). En bref pleiiiin de choses.


Quel jeu se prête bien au bac à sable ?

Dans l’absolu, j’ai envie de dire presque tous.

Il y a cependant quelques jeu qui vont s’y prêter plus facilement. Les Médiévaux Fantastiques, Donjons et Dragons en tête (ou encore Oltréé !, taillé pour le bac à sable – NDLR), en font bien évidemment partie. Le système de jeu par niveau semble même avoir été conçu rien que pour çà. Le fait de gagner des levels permet de mécaniser une progression de votre personnage de façon très tangible et le fait de devoir monter la force des ennemis pousse à voyager dans des lieux divers et variés (Outreterre, les Plans Infernaux). On retrouve donc les deux points évoqués plus haut.

Certains jeux vont se placer en totale opposition avec la Sandbox : C’est le cas de Vampire la Mascarade par exemple qui  veut que son jeu soit joué en « Chroniques » avec un début, un milieu et une fin (c’est précisé noir sur blanc dans le bouquin). Cependant, le jeu pourrais parfaitement s’y prêter en se focalisant sur le développement psychologique des nouveaux nés vampiriques face à la non vie, ce qui peut donner des parties intéressantes.

D’autres se voient, par leurs mécanismes de fonctionnement, un peu plus réfractaires, ce sont les jeux à missions : Deathwatch, Faust Commando, une grande partie des jeux d’enquête (Call of Cthulhu, Chill, …), les Lames du Cardinal. De par leur structure un peu dirigiste et le cadre assez stricte de la mission, il de vient difficile de placer une ouverture au bac à sable sans dénaturer le jeu original.

Et enfin, il en existe même où le bac à sable semble d’une évidence même, puisque l’on va principalement se focaliser sur le développement des personnages et de leurs interactions. Je pense à Lycéenne RPG mais aussi à tout plein de petits jeux indépendants (Le Grümph est doué à ce petit jeu-là – NDLR) et amateurs.

(Il est à noter que le Sandbox se prête particulièrement bien au jeu via internet, pour peu que l’on soit à l’aise avec les tables virtuelles et autres logiciels de vidéoconférence. Par essence, ce mode de jeu génère des sessions courtes qui se marient très bien avec la flexibilité du jeu en ligne : on peut aisément se caler une petite séance en semaine, tranquille chez soi. Si l’expérience vous intéresse, n’hésitez pas à jeter un œil à la communauté L’Auberge Virtuelle – NDLR)


Inconvénients du Bac à Sable

Les campagnes Bac à Sable reposent sur deux piliers : La synergie de groupe et la capacité d’improvisation du MJ.

Si les joueurs n’ont pas trop de synergie, prennent peu d’initiative, c’est au MJ que reviens la tâche de faire avancer l’histoire (lui donnant ainsi du travail supplémentaire) et la lassitude peut vite lui prendre devant des joueurs passifs.

Si le MJ n’arrive pas à se renouveler, la répétition (pire ennemi de la campagne Bac à sable) s’installe et l’ennui va rapidement prendre les joueurs qui, lassés de ne plus être surpris, iront chercher ailleurs, sur d’autre tables, des expériences ludiques différentes.

La chronophagie et les « fins » nulles : Une campagne qui ne finit jamais, c’est long (surtout vers la fin) et les joueurs vivent leur vrai vie aussi : se caler une petite partie devient de plus en plus difficile. Un jour, on se rend compte que l’on ne peut plus continuer ainsi et l’on cherche alors à se réunir une dernière fois histoire de clôturer cette campagne dont l’absence de final laisse un gout d’inachevé. Hélas, une histoire sensée ne jamais se terminer voit souvent pour son dernier souffle une histoire mal ficelée et un dénouement qui ne satisfait vraiment personne.

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Lycéenne, un jeu tout en finesse (sans ironie cette fois-ci)…

Bac à sable d’ici et d’ailleurs

Le bac à sable n’est pas exclusif au jeu de rôle, le jeu vidéo notamment a su proposer de nombreux titres de jeu « bac à sable » où le joueur est amené à se construire une histoire à partir de sa seule imagination.

Cependant, il faut quand même se rendre à l’évidence, les jeux vidéos RPG/Sandbox sont certes prenants (moi même ayant passé des centaines d’heures sur chacun des différents Fallout et Elder Scrolls) mais on leur reprochera souvent un certain manque de cohérence que ce soit par l’absence de réaction de l’univers vis à vis de l’évolution des personnages (on pensera à Skyrim et aux personnes considérant votre personnage comme un quidam lambda alors qu’il a sauvé Bordeciel et mené la révolte des sombrages à son terme…) ou par la contradiction du scénario avec l’aspect bac à sable (Fallout 4 et son personnage qui passe son temps à chercher du scotch de qualité militaire alors qu’il doit chercher son fils disparu et qui doit à plusieurs moments du scénario se bouger le cul un peu plus que ça, s’il vous plait)


Nostalgie quand tu nous tiens.

Pendant longtemps, j’ai cru que les campagnes « Sandox » représentaient l’intégralité de ce que proposait le jeu de rôle. A savoir, un univers infini et des personnages qui continuent d’évoluer jusqu’à ce que mort s’ensuive ou que les joueurs décident d’arrêter. A ce moment, lorsque je décrivais le JDR à des amis, je leur vendais ainsi qu’il n’y avait jamais de fin.

Les scénarios écrits me semblaient inutiles, j’avais mon imagination infinie et débordante de la jeunesse et le temps illimité que m’offrait le collège puis le lycée. Puis le temps passant, il devint plus compact, plus difficile à manier. Tel un chronomancien (mage spécialisé dans la manipulation du temps – NDLR) débutant, je n’arrivais plus à le modeler à ma guise et mes amis en faisaient de même. Afin de ne pas laisser dans ma bouche un gout de « non fini », les Sandbox sont devenus campagnes fermées, puis parfois écrites quand je n’avais plus le temps de les inventer.

Alors oui j’aime le type de jeu bac à sable et en mon fort intérieur j’aimerais bien en refaire de temps en temps. Prendre une feuille vierge, repartir de zéro et évoluer dans un monde sans limite. Est ce que c’est aussi parce que cela me ramène à un temps ou j’étais sans responsabilité, avec le temps et la jeunesse infinie devant moi ? Sans doute.

Et même si je considère le bac à sable comme l’apanage des rôlistes nouveau né, je ne peux pas m’empêcher de jeter vers eux, un regard bienveillant à demi nostalgique.

bannière oltree
Une petite bannière d’Oltréé ! , un petit bijou de game design sandbox par le Grümph

 

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